Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
LE BOSSU.

et j’étais bien éveillée puisque je craignais pour la vie de mon ami Henri !

» Flor riait, le charmant petit démon !

» — Et de deux ! dit-elle.

» Restait ma terrible duègne. — Flor prit avec elle plus de précautions.

» Elle s’approcha lentement, lentement, la couvrant du regard comme le serpent qui veut fasciner l’oiseau. Quand elle fut à portée, elle étendit une seule main qu’elle tint suspendue à la hauteur des yeux de l’Égyptienne. — Je sentais celle-ci tressaillir intérieurement.

» À ce moment, elle fit effort pour se dresser. Flor dit :

» — Je ne veux pas !

» La vieille poussa un grand soupir.

» La main de Flor descendit lentement du front à l’estomac et s’y arrêta. — Un de ses doigts faisait la pointe et semblait émettre je ne sais quel fluide mystérieux.

» Je sentais, moi-même, à travers le corps de la duègne l’influence étrange de ce fluide. — Mes paupières voulaient se fermer.

» — Reste éveillée ! me commanda Flor avec un coup d’œil de reine.

» Les ombres qui voltigeaient déjà autour de mes yeux disparurent.