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LE BOSSU.

» La duègne était rendormie. — Je pensais :

» — Il faudrait être fée pour dégager mon épaule et ma main.

» J’avais bien raison. — Mais ma petite Flor était fée.

» Elle fit un pas bien doucement, puis deux. Elle ne venait point à moi, elle allait vers la natte où dormait le chef, entre son sabre et son escopette.

» Elle se plaça devant lui et le regarda un instant fixement. La respiration du chef devint plus tranquille. — Flor se pencha sur lui, au bout de quelques secondes, et appuya légèrement l’index et le pouce contre ses tempes. — Les paupières du chef se fermèrent.

» Elle me regarda, et ses yeux pétillaient comme deux gerbes d’étincelles.

» — Et d’un ! fit-elle.

» Le gitano ronflait toujours, la tête sur ses genoux.

» Elle lui posa la main sur le front, tandis que son regard impérieux le couvrait. — Peu à peu, les jambes du gitano s’allongèrent et sa tête renversée alla toucher le sol. — Vous eussiez dit un mort.

» J’ai vu cela, ma mère, je l’ai vu de mes yeux,