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LE BOSSU.

» À dater du moment où la jolie petite Flor fut notre compagne, la route devint moins monotone. Elle était gaie presque autant que moi, et bien plus avisée. Elle savait danser, elle savait chanter. Elle nous amusait en nous racontant les tours pendables de ses frères les gitanos.

» Nous lui demandâmes quel dieu ils adoraient ; elle nous répondit : Une cruche.

» Mais à Zamora, dans le pays de Léon, elle avait rencontré un bon frère de la Miséricorde qui lui avait dit les grandeurs du Dieu des chrétiens. Flor désirait le baptême.

» Elle fut huit jours entiers avec nous : le temps d’aller de San-Lucar de Castille au mont Baladron.

» Quand nous arrivâmes en vue de cette montagne sombre et rocheuse, où je devais me séparer de ma petite Flor, je devins triste : je ne savais pas que c’était un pressentiment.

» J’étais habituée à Flor ; nous allions depuis huit jours, assises sur la même mule, nous tenant l’une à l’autre, et babillant tout le long du chemin. Elle m’aimait bien ; moi, je la regardais comme ma sœur.

» Il faisait chaud. Le ciel avait été couvert tout le jour ; l’air pesait comme aux approches