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LE BOSSU.

» Nous voilà bien heureux ! — au contraire de la pauvre mule, qui avait maintenant trois fardeaux.

» En route, Flor nous raconta son histoire. Elle appartenait à une troupe de gitanos qui venaient de Léon et qui allaient, eux aussi, à Madrid. — La veille, au matin, je ne sais à quel propos, la bande avait été poursuivie par une escouade de la Sainte-Hermandad. Flor s’était cachée dans les buissons pendant que ses compagnons fuyaient.

» Une fois l’alerte passée, Flor voulut rejoindre ses compagnons, mais elle eut beau marcher, elle eut beau courir, elle ne les trouva plus sur la route. Les passants à qui elle les demandait lui jetaient des pierres. De bons chrétiens, parce qu’elle n’était point baptisée, lui enlevèrent ses pendants d’oreilles en cuivre argenté et un collier de fausses perles.

» La nuit vint. Flor la passa dans une meule. Qui dort dîne, heureusement, car la pauvre petite Flor n’avait point dîné.

» Le lendemain, elle marcha tout le jour sans rien mettre sous la dent. Les chiens des quinterias aboyaient derrière elle, et les petits enfants lui envoyaient leurs huées. — De temps en temps, elle trouvait sur la route