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LE BOSSU.

délicatesse et plus de complaisance à répondre à mes questions.

» Il changeait de nom. Pourquoi ? Lui si franc et si hardi ? — Une idée me poursuivait ! Je me disais sans cesse : C’est pour moi !… c’est moi qui fais son malheur !

» Voici comment je sus quel métier il faisait à Pampelune, et comment j’appris du même coup le vrai nom qu’il portait jadis en France.

» Un soir, vers l’heure où d’ordinaire il rentrait, deux gentilshommes frappèrent à notre porte. J’étais à mettre les assiettes de bois sur la table. Nous n’avions point de nappe. Je crus que c’était mon ami Henri, je courus ouvrir.

» Et, à la vue de deux inconnus, je reculai épouvantée. Personne n’était encore venu nous voir depuis que nous étions à Pampelune.

» C’étaient deux cavaliers hauts sur jambes, maigres, jaunes comme des fiévreux et portant de longues moustaches en crochets aiguisés, leurs rapières fines et longues relevaient le pan de leurs manteaux noirs. L’un était vieux et très-bavard ; l’autre était jeune et taciturne.

» — Adios ! ma belle enfant, me dit le premier ; — n’est-ce pas ici la demeure du seigneur don Henri ?

» — Non, senor, répondis-je.