Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/408

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
LE BOSSU.

jour, je le vis beau comme il est et comme je le vois toujours depuis.

» Nous avions quitté la ferme du quintero pour aller un peu plus avant dans le pays. Mon ami avait repris ses forces et travaillait aux champs comme un manœuvre. J’ai su depuis que c’était pour me nourrir.

» C’était dans une riche alqueria des environs de Venasque ; le maître cultivait la terre et vendait en outre à boire aux contrebandiers.

» Mon ami m’avait bien recommandé de ne point sortir du petit enclos qui était derrière la maison et de ne jamais entrer dans la salle commune. — Mais, un soir, des seigneurs vinrent manger à l’alqueria : des seigneurs qui arrivaient de France.

» J’étais à jouer avec les enfants du maître dans le clos. Les enfants voulurent voir les seigneurs ; je les suivis étourdiment.

» Ils étaient deux à table, entourés de valets et de gens d’armes : sept en tout.

» Celui qui commandait aux autres fit un signe à son compagnon. Tous deux me regardèrent. Le premier seigneur m’appela et me caressa, tandis que l’autre allait parler tout bas au maître de la métairie.

» Quand il revint, je l’entendis qui disait :