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LE BOSSU.

» — Oui, mon père… oh ! oui, je songe à Dieu… Dieu est bon ; je ne m’inquiète point de moi… Mais ma pauvre petite fille qui va rester seule sur la terre…, serait-ce un grand péché, mon père, que de l’emmener avec moi ?

» — La tuer ! s’écria le prêtre avec épouvante ; mon fils, vous avez le délire !

» Il secoua la tête et ne répondit point. Moi, je m’approchai tout doucement.

» — Ami Henri, dis-je en le regardant fixement, — et si vous saviez, ma mère, comme sa pauvre figure était maigre et hâve, — ami Henri, je n’ai pas peur de mourir et je veux bien aller avec toi au cimetière !

» Il me prit dans ses bras, que brûlaient la fièvre. Et je me souviens qu’il répétait :

» La laisser seule ! la laisser toute seule !

» Il s’endormit, me tenant toujours dans ses bras. On voulait m’arracher de là, mais il eût fallu me tuer… Je pensais :

» — S’il s’en va, on m’emportera avec lui…

» Au bout de quelques heures, il s’éveilla. J’étais baignée de sa sueur.

» — Je suis sauvé, dit-il.

» Et, me voyant serrée contre lui, il ajouta :

» — Beau petit ange, c’est toi qui m’as guéri…

» … Je ne l’avais jamais bien regardé. Un