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LE BOSSU.

l’Empire et de la Restauration. — L’eau leur vient à la bouche, à ces oncles, tandis que les nièces timides dévorent le somptueux festin à deux francs, en faisant mine de ne point écouter.

Maintenant, à la place même où coulaient ces trois ruisseaux fangeux du Chantre, de Pierre-Lescot et de la Bibliothèque, un immense hôtel, conviant l’Europe à sa table de mille couverts, étale ses quatre façades sur la place du Palais-Royal, sur la rue Saint-Honoré alignée, sur la rue du Coq élargie, sur la rue de Rivoli allongée.

Des fenêtres de cet hôtel, on voit le Louvre neuf, fils légitime et ressemblant du vieux Louvre. La lumière et l’air s’épandent partout librement. La boue s’en est allée on ne sait où, les tripots ont disparu : la lèpre hideuse, soudainement guérie, n’a pas même laissé de cicatrices.

Mais où donc demeurent à présent les brigands et leurs dames ?

Au xviiie siècle, ces trois rues que nous venons de flétrir si dédaigneusement étaient déjà fort laides ; mais elles n’étaient pas beaucoup plus étroites ni plus souillées que la grande rue Saint-Honoré, leur voisine.

Il y avait sur leurs voies mal pavées quelques