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LE BOSSU.

— Quand je vous disais, murmura le cardinal un peu remis, que nous allions en apprendre de belles… Mais écoutons : Gonzague n’a pas fini.

Gonzague, en effet, reprenait, pâle et beau d’émotion :

— Je n’ai point de rancune, messieurs, Dieu me garde d’en vouloir à cette pauvre mère abusée !… les mères sont crédules parce qu’elles aiment ardemment… Et si j’ai souffert, n’a-t-elle pas eu, elle aussi, de cruelles tortures… L’esprit le plus robuste s’affaiblit à la longue dans le martyre… l’intelligence se lasse… Ils lui ont dit que j’étais l’ennemi de sa fille… Et pourquoi non ! s’interrompit-il avec amertume, puisque j’ai des intérêts opposés à ceux de sa fille ?… des intérêts, vous comprenez bien cela, messieurs ! des intérêts, moi Gonzague ; — le prince de Gonzague, — l’homme de France le plus riche après Law !…

— Avant Law !… glissa Oriol.

Et certes, il n’y avait là personne pour le contredire.

— Ils lui ont dit, poursuivait Gonzague : cet homme a des émissaires partout… des agents sillonnent en tous sens la France, l’Espagne, l’Italie… cet homme s’occupe de votre fille plus que vous même !…