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LE BOSSU.

Vous eussiez dit qu’il avait mis son âme tout entière dans son débit… ces dernières paroles furent prononcées avec un entraînement tel qu’il y eut dans l’assemblée comme une grande commotion.

L’assemblée était touchée au cœur.

Il y avait plus que de l’intérêt, il y avait une respectueuse compassion pour cet homme, tout à l’heure si hautain, pour ce grand de la terre, — pour ce prince qui venait mettre à nu, avec des larmes dans la voix et dans les yeux, la plaie terrible de son existence.

Ces juges étaient, pour bon nombre, des gens de famille. La fibre du père et de l’époux remua en eux violemment.

Les autres, roués ou coquins, ressentirent je ne sais quel vague effet, comme des aveugles qui devineraient les couleurs ; — ou comme ces filles perdues qui s’en vont au théâtre pleurer toutes leurs larmes aux accents de la vertu persécutée.

Il n’y avait que deux êtres pour rester froids au milieu de l’attendrissement général :

Madame la princesse de Gonzague et M. le marquis de Chaverny.

La princesse avait les yeux baissés. Elle semblait rêver, — et certes, cette tenue glacée ne plaidait point en sa faveur auprès de ses juges prévenus.