Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
LE BOSSU.

Ici, Gonzague jeta encore un regard vers sa femme. — Aurore de Caylus avait les yeux au ciel.

Dans sa prunelle humide, Gonzague chercha en vain ce désespoir que devaient provoquer ses dernières paroles.

Le coup n’avait pas porté. Pourquoi ? — Gonzague eut peur.

— Il faut maintenant, reprit-il en faisant appel à tout son sang-froid, — il faut, messieurs, malgré ma vive répugnance, que je vous parle de moi… Après mon mariage, sous le règne du feu roi, le parlement de Paris, à l’instigation de feu M. le duc d’Elbeuf, oncle paternel de notre malheureux parent, rendit, toutes chambres assemblées, un arrêt qui suspendait indéfiniment (sauf les limites posées par la loi) mes droits à l’héritage de Nevers. C’était sauvegarder les intérêts de la jeune Aurore de Nevers, en cas qu’elle fût encore de ce monde : je fus bien loin de m’en plaindre. Mais cet arrêt, messieurs, n’en a pas moins été la cause de mon profond et incurable malheur…

Tout le monde redoubla d’attention.

— Écoutez ! écoutez ! fit-on sur les petits bancs.

Un coup d’œil de Gonzague venait d’appren-