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LE BOSSU.

C’était un bel orateur que ce Gonzague : tête haut portée, traits largement sculptés, teint brillant, œil de feu.

Il commença d’une voix retenue et presque timide :

— Personne ici ne pense que j’aie pu réunir une pareille assemblée pour une communication d’un intérêt ordinaire, et cependant, avant d’entamer un sujet bien grave, je sens le besoin d’exprimer une crainte qui est en moi, une crainte presque puérile. Quand je pense que je suis obligé de prendre la parole devant tant de beaux et illustres esprits, ma faiblesse m’effraye, et il n’y a pas jusqu’à cette habitude de langage, cette façon de prononcer les mots dont un fils de l’Italie ne peut jamais se défaire, il n’y a pas jusqu’à mon accent qui ne me soit obstacle… Je reculerais en vérité devant ma tâche, si je ne réfléchissais que la force est indulgente, et que votre supériorité même me sera une assurée sauvegarde.

À ce début hyper académique, il y eut des sourires sur les gradins d’élite. Gonzague ne faisait rien à l’étourdie.

— Qu’on me permette d’abord, reprit-il, — de remercier tous ceux qui, en cette occasion, ont honoré notre famille de leur bienveillante