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LE BOSSU.

Le matin, quand elle se levait, ses femmes silencieuses procédaient à sa lugubre toilette, — puis sa lectrice ouvrait un livre de piété.

À neuf heures, le chapelain venait dire la messe des morts.

Tout le reste de la journée, elle restait assise, immobile, froide, seule !

Elle n’était pas sortie de l’hôtel une seule fois depuis son mariage.

Le monde l’avait crue folle. Peu s’en était fallu que la cour ne dressât un autel à Gonzague pour son dévouement conjugal. — Jamais, en effet, une plainte n’était tombée de la bouche de Gonzague.

Une fois la princesse dit à son confesseur qui lui voyait les yeux rougis par les larmes :

— J’ai rêvé que je revoyais ma fille… Elle n’était plus digne de s’appeler mademoiselle de Nevers.

— Et qu’avez-vous fait dans votre rêve ? demanda le prêtre.

La princesse, plus pâle qu’une morte et oppressée, répondit :

— J’ai fait ce que je ferais en réalité… Je l’ai chassée !

Elle fut plus triste et plus morne depuis ce moment, cette idée la poursuivait sans cesse.