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LE BOSSU.

Par-devant, le menton touchait la poitrine. Les jambes étaient bizarrement contournées, mais n’avaient point cette maigreur proverbiale qui est l’accompagnement obligé de la bosse.

Cette singulière créature portait un costume noir complet, de la plus rigoureuse décence, manchettes et jabot de mousseline plissée d’une éclatante blancheur.

Tous les regards étaient fixés sur lui, et cela ne semblait point l’incommoder.

— Bravo, sage Ésope ! s’écria Chaverny ; tu me parais un spéculateur hardi et adroit !

— Hardi…, répéta Ésope en le regardant fixement, assez ; adroit… nous verrons bien !

Sa petite voix grinçait comme une crécelle d’enfant.

Tout le monde répéta :

— Bravo, Ésope ! bravo !

Cocardasse et Passepoil ne pouvaient plus s’étonner de rien. Leurs bras étaient tombés depuis longtemps ; mais le Gascon demanda tout bas :

— N’avons-nous jamais connu de bossu, mon bon ?

— Pas que je me souvienne.

— Vivadiou ! il me semble que j’ai vu ces yeux-là quelque part.