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LE BOSSU.

régent de France, le duc de Nevers et le prince de Gonzague étaient inséparables. La cour les nommait les trois Philippe. Leur tendresse mutuelle rappelait les beaux types de l’amitié antique.

Philippe de Gonzague était l’aîné ; le futur régent n’avait que vingt-quatre ans, et Nevers comptait une année de moins.

On doit penser combien l’idée d’avoir un gendre semblable flattait la vanité de vieux Caylus. Le bruit public accordait à Gonzague des biens immenses en Italie ; de plus, il était cousin germain et seul héritier de Nevers, que chacun regardait comme voué à une mort précoce. Or, Philippe de Nevers, unique héritier du nom, possédait un des plus beaux domaines de France.

Certes, personne ne pouvait soupçonner le prince de Gonzague de souhaiter la mort de son ami ; mais il n’était pas en son pouvoir de l’empêcher, et le fait certain est que cette mort le faisait dix ou douze fois millionnaire.

Le beau-père et le gendre étaient à peu près d’accord. Quant à Aurore, on ne l’avait même pas consultée. Système Verrous.

C’était par une belle journée d’automne, en cette année 1699. Louis XIV se faisait vieux, et se fatiguait de la guerre. La paix de Ryswyck venait d’être signée ; mais les escarmouches entre