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LE BOSSU.

Solliciteurs d’espèce rare et précieuse, qui demandaient à donner beaucoup d’argent pour un peu de fumée.

M. de Peyrolles avait un costume d’une richesse extrême. Au milieu du flot de dentelles qui couvrait ses mains sèches, on voyait les diamants étinceler.

— Voyons, voyons, messieurs, dit-il en entrant et en s’éventant avec son mouchoir garni de point d’Alençon, tenez-vous à distance ; vous perdez en vérité le respect.

— Ah ! lou couquin, est-il superbe ! soupira Cocardasse.

— Il a le fil ! déclara frère Passepoil.

C’était vrai. Ce Peyrolles avait le fil.

Il se servait, ma foi ! de la canne qu’il tenait à la main pour écarter cette cohue d’écus animés.

À sa droite et à sa gauche marchaient deux secrétaires, armés d’énormes carnets.

— Gardez au moins votre dignité ! reprit-il en secouant quelques grains de tabac d’Espagne qui étaient sur la malines de son jabot ; se peut-il que la passion du gain…?

Il fit un geste si beau, que nos deux prévôts, placés là comme des dilettanti en loge grillée, eurent envie d’applaudir.

T. I.
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