Page:Féval - Le Bossu (1857) vol 1-3.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
LE BOSSU.

— Quinze cent mille livres ! répétait Cocardasse ; une simple bosse !

— Ah ! mon ami, fit Passepoil avec effusion, nous avons perdu là-bas de bien belles années… mais, enfin, nous arrivons au bon moment… Figure-toi qu’il n’y a qu’à se baisser pour prendre… C’est la pêche miraculeuse ! Demain, les louis d’or ne vaudront plus que six blancs… En venant ici, j’ai vu des marmots qui jouaient au bouchon avec des écus de six livres !

Cocardasse passa sa langue sur ses lèvres.

— Ah çà ! dit-il, par ce temps de Cocagne, combien peut valoir un coup de pointe allongé proprement et savamment… à fond… , dans toutes les règles de l’art ?

Il effaça sa poitrine, fit un appel bruyant du pied droit et se fendit.

Passepoil cligna de l’œil.

— Pas tant de bruit ! dit-il ; voici des gens qui viennent.

Puis, se rapprochant et baissant la voix :

— Mon opinion, dit-il à l’oreille de son ancien patron, est que ça doit valoir encore un bon prix. Avant qu’il soit une heure, j’espère bien savoir cela au juste de la bouche même de M. de Gonzague.