les monts… Je n’avais plus un maravédis. J’ai senti que la voix de la patrie me rappelait… Voilà mon histoire.
— Alors, mon pauvre Cocardasse, tu n’as pas fait fortune ?
Le Gascon retourna ses poches.
— Et toi, demanda-t-il, pécaïre ?
— Moi, répondit le Normand, je fus poursuivi par les chevaux de Carrigue jusqu’à Bagnères-de-Luchon, ou à peu près. L’idée me vint aussi de passer en Espagne ; mais je trouvai un bon bénédictin qui, sur mon air décent, me prit à son service. Il allait à Kehl, sur le Rhin, faire un héritage au nom de sa communauté. Je crois que je lui emportai sa malle et sa valise, et peut-être aussi son argent.
— Couquinasse ! fit le Gascon.
— J’entrai en Allemagne. Voilà un brigand de pays ! Tu parles de stylet ? C’est au moins de l’acier. Là-bas, ils ne se battent qu’à coups de pots de bière… La femme d’un aubergiste de Mayence me débarrassa des ducats du bénédictin. Elle était gentille et elle m’aimait ! — Ah ! s’interrompit-il, Cocardasse, mon brave compagnon, pourquoi ai-je le malheur de plaire ainsi aux femmes !… Sans les femmes, j’aurais pu acheter une maison de campagne où passer mes