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LE BOSSU.

mais, moi, ça ne m’a pas porté bonheur… Quand les coquins de Carrigue nous chargèrent avec leurs carabines, je rentrai au château… Tu avais disparu… Au lieu de tenir ses promesses, le Peyrolles nous licencia le lendemain, sous prétexte que notre présence dans le pays confirmerait des soupçons déjà éveillés. C’était juste. On nous paya tant bien que mal. Nous partîmes. Je passai la frontière, demandant partout de tes nouvelles, chemin faisant. Rien !… Je m’établis d’abord à Pampelune, puis à Burgos, puis à Salamanque. Je descendis sur Madrid…

— Bon pays pourtant !…

— Le stylet y fait tort à l’épée ; c’est comme l’Italie, qui, sans cela, serait un vrai paradis… De Madrid, je passai à Tolède, de Tolède à Ciudad-Réal ; puis, las de la Castille, où je m’étais fait malgré moi de mauvaises affaires avec les alcades, j’entrai dans le royaume de Valence… Capédébiou ! j’ai bu du bon vin de Majorque à Ségorbe… mais il coûte cher !… Je m’en allai de là pour avoir servi un vieux licencié qui voulait se défaire d’un sien cousin… La Catalogne vaut aussi son prix… Il y a des gentilshommes tout le long des routes entre Tortose, Taragone et Barcelone… mais bourses vides et longues rapières… Enfin, j’ai repassé