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LE BOSSU.

La cour était littéralement encombrée de loueurs et d’acheteurs.

C’était aujourd’hui même qu’on devait entrer en jouissance ; c’était aujourd’hui qu’on devait ouvrir les comptoirs de la maison d’or, comme déjà on l’appelait.

Chacun entrait comme il voulait ou à peu près dans l’intérieur de l’hôtel. Tout le rez-de-chaussée, tout le premier étage, sauf l’appartement privé de madame la princesse, étaient aménagés pour recevoir marchands et marchandises.

L’âcre odeur du sapin raboté vous saisissait partout à la gorge ; partout vos oreilles étaient offensées par le bruit redoublé du marteau.

Les valets ne savaient auquel entendre. Les préposés à la vente perdaient la tête.

Sur le perron principal, au milieu d’un état-major de marchands, on voyait un gentilhomme chargé de velours, de soie, de dentelles, avec des bagues à tous les doigts, et une superbe chaîne en orfévrerie joyautée autour du cou.

C’était M. de Peyrolles, confident, conseiller intime et factotum du maître de céans.

Il n’avait pas vieilli beaucoup. C’était toujours le même personnage maigre, jaune, voûté, dont les gros yeux effrayés appelaient la mode des lunettes.