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LE BOSSU.

Elles tombèrent toutes ces grandes allées ombreuses au bout desquelles se voyaient les corbeilles de rosiers avec l’énorme vase antique trônant sur son piédestal. Les corbeilles furent foulées, les rosiers arrachés, les vases jetés dans un coin du garde-meuble.

Tout cela tenait de la place, toute cette place valait de l’argent.

Beaucoup d’argent, Dieu merci ! Savait-on jusqu’où la fièvre de l’agio pousserait chacune de ces loges que Gonzague allait faire construire ? On ne pouvait désormais jouer que là, et tout le monde voulait jouer. Telle baraque devait se louer assurément aussi cher qu’un hôtel.

À ceux qui s’étonnaient ou qui se moquaient de ces ravages, Gonzague répondait :

— Dans cinq ans, j’aurai deux ou trois milliards… J’achèterai le château des Tuileries à Sa Majesté Louis quinzième, qui sera roi et qui sera ruiné.

Ce matin où nous entrons pour la première fois à l’hôtel, l’œuvre de dévastation était à peu près achevée.

Un triple étage de cages en planches s’élevait tout autour de la cour d’honneur. Les vestibules étaient transformés en bureaux, et les maçons terminaient les baraques du jardin.