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LE BOSSU.

Il le saisit par les jambes et l’enleva. L’enfant se roidit et put saisir le rebord du fossé. Quelques secondes s’écoulèrent, puis un coup de sifflet annonça son entrée en forêt.

— Que diable ! dit Lagardère, nous tiendrons bien une demi-heure s’ils nous laissent élever nos fortifications.

— Voyez ! fit le jeune duc en montrant du doigt un objet qui brillait faiblement de l’autre côté du pont.

— C’est l’épée de frère Passepoil, un coquin soigneux, qui ne laisse jamais de rouille à sa lame… Cocardasse doit être avec lui… Ceux-là n’attaqueront pas. Un coup de main, s’il vous plaît, monsieur le duc, pendant que nous avons le temps.

Il y avait au fond du fossé, outre les bottes de foin éparses ou accumulées, des débris de toutes sortes, des planches, des madriers, des branches mortes. Il y avait, de plus, une charrette à demi chargée que les faneurs avaient laissée lors de la descente de Carrigue et de ses gens.

Lagardère et Nevers, prenant la charrette pour point d’appui et l’endroit où dormait l’enfant pour centre, improvisèrent lestement un système de barricades afin de rompre au moins le front d’attaque des assaillants.