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LE BOSSU.

ner de secousses à la dormeuse, il eût voulu avoir un coussin d’ouate dans chaque main.

Un second signal plus rapproché envoya sa note plaintive dans le silence de la nuit.

— Que diable est cela ? se dit Lagardère.

Mais il regardait la petite Aurore.

Il n’osait pas l’embrasser.

C’était un joli petit être, blanc et rose ; ses paupières fermées montraient déjà les longs cils de soie qu’elle héritait de sa mère.

Un ange ! un bel ange de Dieu endormi !

Lagardère écoutait son souffle si doux et si pur : Lagardère admirait ce calme profond, ce repos qui était un long sourire.

— Et ce calme, ce repos, se disait-il, au moment où sa mère pleure, au moment où son père… Ah ! ah ! s’interrompit-il, ceci va changer bien des choses. On a confié un enfant à cet écervelé de Lagardère… c’est bon ; pour défendre l’enfant, la cervelle va lui venir.

Puis il reprenait :

— Comme cela dort !… À quoi peuvent penser ces petits fronts couronnés de leurs boucles angéliques ? C’est une âme qui est là dedans. Cela deviendra une femme capable de charmer, d’aimer, hélas ! et de souffrir.

Puis encore :