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LE BOSSU.

diable si on pourra voir la pointe des épées !

Il était au pied des grands murs. Le château dressait à pic au-dessus de sa tête sa masse énorme, et le pont traçait un arc noir sur le ciel. Escalader ce mur à l’aide du poignard, c’était l’affaire de toute une nuit. En tâtonnant, la main de Lagardère rencontra la fenêtre basse.

— Bon, cela ! s’écria-t-il. Çà ! que vais-je lui dire, à cette fière beauté ? Je vois d’ici l’éclair méchant de ses yeux noirs, ses sourcils d’aigle froncés par l’indignation.

Il se frotta les mains de tout cœur.

— Délicieux ! délicieux !… Je lui dirai… Il faut quelque chose de bien tourné… je lui dirai… Palsambleu ! Épargnons nos frais d’éloquence… Mais qu’est cela ? s’interrompit-il tout à coup. Ce Nevers est charmant !… toujours charmant !

Il s’arrêta pour écouter. Un bruit avait frappé son oreille.

Des pas sonnaient, en effet, au bord de la douve, des pas de gentilhomme ; car on entendait le tintement argentin des éperons.

— Oh ! oh ! pensa Lagardère, maître Cocardasse aurait-il dit vrai ? M. le duc se serait-il fait accompagner !

Le bruit de pas cessa. Le lumignon placé à la