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LE BOSSU.

naient par la bride leurs chevaux chargés de fourrage.

— C’est une honte, reprit le Parisien, une honte que de tels gens nous aient fait partager leur vin !

— Voilà un mot bien dur ! soupira Passepoil, dont les yeux se mouillèrent.

Cocardasse junior blasphémait en lui-même tous les savants jurons que put jamais produire cette fertile terre de Gascogne.

— En selle, et au galop ! poursuivit Lagardère. Je n’ai besoin de personne pour faire justice de ces drôles.

Carrigue et ses gens, qui avaient tâté des rapières de prévôt, ne demandaient pas mieux que d’aller un peu plus loin jouir de la fraîcheur de la nuit.

— Quant à vous, continua le jeune chevau-léger, vous allez déguerpir, et vite ! ou, par la mordieu ! je vais vous donner une seconde leçon d’armes… à fond !

Il dégaina. Cocardasse et Passepoil firent reculer les estafiers, qui, forts de leur nombre, avaient des velléités de révolte.

— Qu’avons-nous à nous plaindre, insinua Passepoil, s’il veut absolument faire notre besogne ?