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LE BOSSU.

Un soir, mon hôtesse me servit des côtelettes à la Nevers… je lançai le plat par la fenêtre et je me sauvai sans souper… Sur la porte, je me heurtai contre mon cordonnier, qui m’apportait des bottes à la dernière mode, des bottes à la Nevers… je rossai mon bottier ; cela me coûta dix louis que je lui jetai au visage… Le drôle me dit : « M. de Nevers me battit une fois, mais il me donna cent pistoles !… »

— C’était trop ! prononça gravement Cocardasse.

Passepoil suait à grosses gouttes, tant il ressentait vivement les contrariétés de son cher petit Parisien.

— Voyez-vous, continua Lagardère, je sentis que la folie me prenait… Il fallait mettre un terme à cela !… Je montai à cheval et je m’en allai attendre Nevers à la sortie du Louvre… Quand il passa, je l’appelai par son nom.

« — Qu’est-ce ? me demanda-t-il.

« — Monsieur le duc, répondis-je, j’ai grande confiance en votre courtoisie… Je viens vous demander de m’enseigner votre botte secrète, au clair de la lune.

« Il me regarda. Je pense qu’il me prit pour un échappé des Petites-Maisons.

« — Qui êtes-vous ? me demanda-t-il pourtant.