Page:Féval - La Cavalière, 1881.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.

386
LA CAVALIÈRE

— Toi ! mourir par moi ! s’écria René comme on répète une parole blasphématoire et impossible.

Le sourire d’Yves devint plus doux.

— Tu n’y crois plus ! dit-il en fermant ses yeux à demi. Tu fais bien. N’ai-je pas vu la poitrine qui défendait la mienne ? Écoute, frère, j’ai à te parler avant de mourir.

— Mais tu ne mourras pas ! s’écria René, qui le pressa passionnément sur son cœur.

— Écoute ! je ne sais lequel de nous l’a dit, mais c’était la vérité. Nous n’étions qu’un cœur, nous n’avions qu’une âme. Nous devions aimer de même. Je deviens faible : ne m’arrête plus… Ah ! Dieu est bon ! Dieu est bon ! Elle était entre nous, je la voyais : c’est elle qui a dégainé nos épées. Sois béni, René, car c’est toi qui as appelé notre mère !…

Il eut un spasme. René l’entoura plus étroitement de ses bras. C’est le geste des mères éplo-