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LA CAVALIÈRE

Les deux messieurs de Coëtlogon gisaient comme ils étaient tombés, tout près l’un de l’autre, René un peu en avant de son frère et semblant encore le défendre. René n’avait que deux blessures ; le sang d’Yves coulait par un grand nombre de plaies, dont plusieurs étaient mortelles. Le hasard de leurs chutes avait rapproché leurs jeunes têtes, dont les cheveux blonds se mêlaient. Ils n’avaient rien au visage et c’était pitié d’admirer la pâle beauté de ces deux enfants endormis.

Comme les bruits de la bataille cessaient, un souffle agita la poitrine de René, Son premier effort, épuisé qu’il était, fut pour soulever la tête de son frère, qu’il appuya doucement contre son sein.

Yves ouvrit les yeux et ils se sourirent.

— Nous nous aimions bien, frère, murmura Yves. Dieu est bon ; il a envoyé entre nous l’adoré souvenir de ma mère. Si j’étais mort par toi, c’eût été un cruel martyre !