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LA CAVALIÈRE

résolu de te marier toute jeune pour que tu sois bien longtemps heureuse.

Sur ces derniers mots, Nicaise entra. Il vit que Mariole baissait la tête pour cacher son trouble. Hélène, tout entière à sa pensée ne vit ni l’entrée du fatout, ni le trouble de Mariole.

Nicaise avait, ce soir, une singulière physionomie et que nul, parmi ses amis, ne lui connaissait assurément. Il semblait qu’un vent d’expérience et de maturité eût passé tout à coup sur ce naïf visage. Son front et ses yeux pensaient. Il resta un instant immobile sur le seuil et ses lèvres remuèrent lentement. Il se disait à lui-même :

— Elle est bonne, pourtant. J’en suis sûr ! C’est un cœur d’or !

Ses yeux étaient fixés sur Hélène. Hélène continuait parlant à Mariole :

— Sais-tu, nous n’aurons pas trop de peine à te trouver un épouseur. Je te donnerai dix mille livres le jour de ton mariage.

Mariole n’eut pas le temps de répondre et