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LA CAVALIÈRE

disait cela, ce serait bien différent ! il ne faudrait pas les croire.

Mariole rougit.

— Bon ! te voilà comme un coquelicot ! Ne plaisantons plus. Tu disais que tu m’aimais. Comment m’aimes-tu, minette ?

— Est-ce que je pourrais le dire, répondit Mariole, moi qui te dois tout !

— C’est moi qui te dois tout, chérie ! tu as été la joie, tu as été le calme de ma jeunesse. Je ne connaissais pas beaucoup le bon Dieu sais-tu ? C’est en t’apprenant le Notre-Père et en baisant tes petites mains jointes que j’ai appris à prier, et je prie mieux avec toi. Aussi, je vais te dire, je voudrais te garder près de moi toujours… Ne me réponds pas, Mariole, se reprit-elle, tombant pour la première fois de sa vie peut-être dans une tristesse douce et tendre qui était de la mélancolie. Avec les autres, je peux être égoïste ; avec toi, non ! je t’aime trop. J’ai