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LA CAVALIÈRE

galants du fatout, un clair feu de bois tombait en braise dans la cheminée ; elle sauta, ma foi, en bas de son lit, tout habillée qu’elle était, et s’étira en laissant aller son dernier bâillement de paresse.

En vérité, c’était encore une jeune fille, quoiqu’elle vous eût déjà des manies qui parlent de l’âge mûr. Elle avait eu l’autorité trop tôt, ou bien, comme elle vous l’eût dit, elle avait trop songé à elle-même. Mais quand elle se planta devant son miroir, posée comme une femme de la Bible, la taille ferme et cambrée, la tête haute, ses deux mains baignées dans ses prodigues cheveux, vous eussiez pensé à cette Judith qui était grande aussi, et robuste, et hardie, et qui tua honnêtement ce coquin d’Holopherne. Hélène n’avait encore tué personne.

Tout en peignant à pleines mains sa chevelure, elle prêta l’oreille à ces bruits confus qui emplissaient la maison de poste et qui l’avaient éveillée.