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LA CAVALIÈRE

Hélène fut vaguement frappée. Malgré son ignorance des choses politiques, elle sentait qu’il y avait du vrai là-dedans ; et sa répugnance morale se trouvant attaquée, son égoïsme, composé de toutes ses tendresses, s’éveilla brusquement.

— La guerre viendra-t-elle jusque chez nous ? demanda-t-elle.

— Assurément, demoiselle, la guerre ira partout.

Il y avait en elle de l’enfant. Elle se mit à rêver. La guerre ! Dieu merci ! elle en savait des histoires de guerre ! Son père, vieux reître, l’avait bercée avec cela ! Du sang ! des larmes ! du feu ! Les femmes insultées, les églises incendiées, les enfants broyés sous les pieds des chevaux ! La guerre n’épargne rien, ni personne. Hélas-Dieu ! la vieille tante Catherine ! les petits ! Mariole surtout, Mariole dont le cher sourire se baignerait dans les pleurs ! Hélène demanda tout à coup :