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LA CAVALIÈRE

— Qui ça ? moi ? repartit brusquement Hélène. Généreuse ! Ah bien oui ! ce n’est pas pour le fugitif, bien sûr, c’est pour moi. Je pense à moi, c’est assez. Gagner de l’argent, c’est bon, et j’étranglerais de mes mains l’assassin du bonhomme, si je le tenais, oui, de mes propres mains ! Mais je travaille rude tant que dure le jour, je veux dormir mes nuits tranquilles. Est-ce songer aux autres, cela ? Si je livrais un homme, voyez-vous, j’aurais de mauvais rêves !

Elle parlait avec conviction. M. Ledoux souriait.

— Et si vous n’en dormiez que plus tranquille, chère et noble âme que vous êtes ? dit-il. Ne me connaissez-vous pas assez ? Pensez-vous donc que je vous aurais proposé à vous, Helène, une action qui pût vous causer des remords ? Hélène, écoutez-moi. En livrant cet homme, vous épargnez des milliers d’existences !

La grande fille secoua la tête.