où la grâce et l’élégance des formes mélodiques étaient inconnues.
L’Allemagne commençait à se faire remarquer par un style d’harmonie et de modulation où l’on apercevait déjà du penchant aux transitions inattendues qui depuis a dominé dans la musique de tous les compositeurs de ce pays.
Léon Hassler, grand musicien, élève d’André Gabrieli et compagnon d’études de l’illustre Jean, neveu de son maître, est considéré comme le chef des musiciens allemands de cette époque.
Le mérite de ses ouvrages le rend sans doute digne de sa haute renommée ; cependant je dois dire que son contemporain Adam Gumpelzhaimer, pauvre maître d’école à Augsbourg, me paraît supérieur à lui sous le rapport de l’originalité.
J’ai été frappé d’admiration à la vue des nouveautés piquantes que renferment les compositions de ce musicien, et j’ai pensé quelquefois que Jean Gabrieli, Claude Monteverde et quelques autres maîtres de l’école vénitienne, qui vivaient à la fin du seizième siècle et qui se sont illustrés par leurs inventions harmoniques, avaient eu connaissance des ouvrages du pauvre musicien d’Augsbourg.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas sans étonnement que j’ai comparé le mérite des productions d’Adam Gumpelzhaimer avec l’obscurité où son nom est resté jusqu’à ce moment.
Je crois être le premier qui ait appelé l’attention publique sur cet artiste.
À Léon Hassler et à Gumpelzhaimer il faut joindre Jérôme Schultze, organiste à Hambourg, dont le nom a été latinisé en celui de Prœtorius.
Non moins distingué par ses talens de compositeur que par son habileté dans l’art de jouer de l’orgue, il commença cette belle école d’organistes de Hambourg dont Samuel Scheid, Henri Scheidmann et Jean Adam Reinke ont depuis lors soutenu la gloire.
Je ne dois pas quitter cette époque de l’histoire de la musique sans dire un mot des travaux qui s’y firent pour obtenir une égale répartition des intervalles qui séparent les notes de la gamme.
On a vu (p. xcviii) que les rapports arithmétiques des sons ont été connus des Grecs, et qu’on attribuait leur découverte à Pythagore.
On a vu aussi qu’Aristoxène a nié la réalité de ces proportions, et a posé en principe l’égalité de la division des tétracordes en demi-tons égaux.
Postérieurement à ces philosophes, Théon de Smyrne, Didyme et Ptolémée ont développé dans leurs traités de musique la théorie des rapports numériques des sons, et Boèce a fait une excellente analyse des systèmes des Grecs.
Dans le moyen-âge, Hucbald, Engelbert, abbé d’Aimont, et quelques autres donnèrent, d’après Boèce, un exposé de la théorie des Grecs sur ce sujet, mais sans y rien ajouter ; dans le qua-
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RÉSUMÉ PHILOSOPHIQUE