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LE SIÈGE DE QUÉBEC

Rose Peluchet sauta au cou du spadassin et l’embrassa sur les deux joues.

Flambard ne fut pas trop confus, car il en avait vu bien d’autres.

Il serait impossible de dépeindre la joie qui régna dans cet humble logis, joie toutefois assombrie par l’absence du milicien qui avait été blessé sur les Plaines d’Abraham.

Mais à la mère heureuse et inquiète à la fois, Jean Vaucourt assura qu’Aubray n’avait reçu que de légères blessures, qu’on l’avait transporté aux Hospitalières et que dans deux jours il serait sur pied et revenu à son foyer.

Cette joie était encore diminuée par la défaite des Français, mais Flambard chassa les noirs présages en annonçant que M. de Vaudreuil l’envoyait en mission auprès du chevalier de Lévis, actuellement à Montréal, pour le prévenir que le gouverneur lui remettait le commandement de l’armée. Et Flambard affirmait que M. de Lévis saurait venger la défaite de Montcalm et culbuter les Anglais dans le fleuve.

Jean Vaucourt, Héloïse de Maubertin, la femme d’Aubray, Rose Peluchet et le père Croquelin voulurent célébrer dignement l’exploit de Flambard et la joie de la mère qui venait de retrouver si inopinément son enfant, mais notre héros s’excusa de ne pouvoir demeurer plus longtemps, attendu qu’il devait se rendre auprès de M. de Ramezay pour, de là, prendre la route de Montréal.

Comme il allait sortir, Jean Vaucourt lui dit :

— Soyez prudent, mon ami, méfiez-vous sans cesse de nos ennemis !

Flambard haussa les épaules.

— Hah ! dit-il, il y a Bigot, il y a Cadet… Patience, capitaine, je réglerai bientôt j’espère, nos comptes avec ces gredins ! Par les deux cornes de satan ! je n’ai pas dit mon dernier mot !

Et il s’élança dans les brumes du soir vers la cité.

FIN