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gard, par ricochet, tomba sur un engin bizarre placé au centre même de la chambre. Et le regard de M. Quik fut suivi par les regards de MM. Godd et Hamm. Cette fois, les trois agents de police parurent frappés mortellement par le vertige et l’horreur !

Qu’était-ce ?

Une machine énorme, en longueur, en largeur, en hauteur, avec un mécanisme tout à fait singulier. Le corps de la machine avait une forme rectangulaire et il reposait sur trois chevalets faits d’énormes pièces d’acier formidablement boulonnées. De prime abord cet engin étrange avait un peu l’aspect, sinon la forme, d’une batteuse mécanique, ou, peut-être mieux, d’une de ces immenses presses à journal. Mais le mécanisme en était certainement fort différent. À une extrémité on apercevait deux gros cylindres tournant l’un sur l’autre. Ces cylindres étaient garnis de poinçons, de scies, de couteaux, de scalpels, de vrilles, et d’un nombre infini d’autres instruments propres à inciser, à disséquer, à mettre en charpie… Et ces deux cylindres tournaient à une vitesse vertigineuse. Pour arriver à ces terribles cylindres, on voyait une longue table à rouleaux, ressemblant pas mal à ces tables en opération dans nos scieries au moyen desquelles le billot est conduit vers la scie mécanique. Seulement, les rouleaux que M. Godd examinait du regard, tournaient très lentement, et cela faisait un singulier contraste avec la vitesse des cylindres. Et M. Godd apercevait encore par delà les cylindres, et faisant partie du corps principal de la machine, une foule d’autres outils dont il ne pouvait deviner le genre d’opération ; mais il voyait que tous ces instruments marchaient, tournaient, travaillaient dans un sens ou dans l’autre et toujours avec une rapidité inouïe. Enfin, à l’extrémité opposée de cet engin remarquable les trois agents de police apercevaient un filet dont la gueule s’ouvrait sous l’orifice