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tites boules en argent. Il saisit délicatement l’une de ces petites boules et tira. La chambre s’illumina.

Très satisfait, M. Quik entra, ferma la porte, et examina la pièce dans laquelle il allait passer la nuit. Il demeura frappé d’étonnement devant le luxe inouï qui l’entourait.

— Diable ! se dit-il avec un sourire moqueur, on ne me fait pas les honneurs à demi : c’est la chambre d’un prince ou tout au moins d’un ambassadeur !

Il vit deux portes à l’intérieur, l’une à gauche, l’autre à droite. Il alla à celle de droite : il se trouva sur le seuil d’un joli petit cabinet de toilette. Il marcha vers celle de gauche : c’était une garde-robe dans laquelle il découvrit seulement une paire de pyjama et une robe de bain. Il referma la porte.

Il se mit ensuite à inventorier le mobilier.

L’immense lit à colonnes torses, paré de draperies en soies de Chine, et de rideaux d’une très fine dentelle qui tombaient d’un ciel en soies roses et bleues, le fit sourire d’aise.

— Bon ! dit-il en ricanant, il faut absolument que je m’entre dans l’idée que je ne suis pas un policier, ce soir, mais bien un marquis, ou un duc et pair !…

Puis, il admira une table de toilette sur laquelle s’étalaient les parfums les plus rares, les poudres, les talcs, les savons, les pâtes à parfumerie, les crèmes à massage, des huiles, des rouges…

Deux glaces immenses décoraient l’un des angles de la chambre et dans ces glaces M. Quik considéra sa personne entière. Mais alors, au sein de toute cette magnificence, au milieu des tableaux qui l’environnaient avec leur coloris puissant, sous la resplendissante clarté du grand lustre électrique, M. Quik se trouva en dépit de sa couche de bistre, un peu pâle, très pâle même ! Oui, son teint cuivré s’était blanchi, très blanchi… Il s’en émut !

— On penserait, murmura-t-il, que