notre neveu, c’est-à-dire mon neveu. Je me demande, à ce point que je l’ai oublié, quelle tête il a ?
— C’est un fils de votre frère ?
— Unique.
— Ressemblez-vous à votre frère ?
— Pas au physique : il était châtain, je suis noir comme un charbon.
— Pourquoi dites-vous : il était ?
— Parce qu’il est mort. Mon Dieu, oui… et tout jeune… après deux années de ménage, si je ne me trompe.
— Sa femme s’est-elle remariée ?
— Jamais. Elle mourut à son tour au moment où son enfant atteignait l’âge de dix ans.
— Vous avez bien connu la mère de votre neveu ?
— Oh ! presque pas. Je me rappelle que c’était une bonne personne, assez jolie… une blonde, presque rousse… Elle était anglaise. Au cours d’un voyage en Angleterre mon frère l’avait connue à Bath, dans le Somerset. Il s’en était épris violemment… tout comme je me suis épris de vous.
— Quel rang occupait-elle ?
— C’était la fille d’un pasteur, grand propriétaire, fort riche. Mais il arriva que le pasteur se ruina par de malheureuses opérations de bourse.
— Pauvre fille !
— Mais non, Lina… Le père avait eu soin d’assurer une dot de 50 000 livres sterling à sa fille, dot qu’elle apporta à mon frère en se mariant.
— Ainsi donc, votre neveu ne serait ni plus ni moins qu’un millionnaire, s’il a mis à profit la fortune qu’a dû lui laisser sa mère ?
— Je le crois.
— Ensuite, s’il tient de sa mère, ce garçon doit être d’une physionomie blonde, ou tout au moins châtaine ?
— Je le pense.
— Eh bien ! parions…
— Quoi ?
— Qu’il est blond !