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teur comme son père. Bien qu’il y ait longtemps de ça, le fils n’a pas beaucoup changé de figure : c’est toujours le même visage de carême. Et puis, quand je dis que je connaissais son père, le vieux docteur Randall — un vieux monsieur qui avait l’air bien honnête et qui paraissait bien respecté — je veux dire que je le connaissais de vue seulement.

— Une chose certaine, mon vieux Pascal se mit à rire Jules, c’est que le fils te connaît bien à présent, et je suis à peu près certain qu’il ne t’oubliera pas de sa vie.

— Oh ! répondit négligemment Pascal, il n’y a pas de doute qu’il va me garder un chien. Mais je m’en moque pas mal… pour ce que vaut ma peau ! Ensuite, qui sait si les Allemands — les Boches, comme disent les Français, — ne nous aurons pas descendus avant qu’il ne soit revenu, ce pauvre bougre, de son émotion de tout à l’heure ?

Et Pascal fit entendre un petit rire aigre et moqueur. En même temps ce rire laissa voir dans toute son ampleur une mâchoire fort ébréchée.

Jules Marion se contenta de sourire. L’instant d’après tous deux pénétraient dans le camp.