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Oui, cette pensée sinistre s’agita dans son cerveau enfiévré, cette pensée que déjà Randall avait peu à peu insufflée : la mort de Marion ! Un accident, par exemple… Mais à ce moment l’accident manquait. Seulement une opportunité excellente se présentait pour Harold, il pouvait se venger sans qu’aucune conséquence grave retombât sur sa tête. Il avait là devant lui un homme de rien, un être dangereux, un rebelle peut-être un voleur… un individu, enfin, entré chez lui avec effraction ! Cela suffisait.

Et il se mit à regarder attentivement le jeune homme, tandis qu’un rictus de mordante ironie s’imprimait sur ses lèvres. Et il y avait, à cette minute, sur les traits de son visage, tous les signes d’une joie étrange et sauvage : la joie, par exemple, qu’éprouve le tueur de tuer, le bourreau de couper une tête humaine. Harold paraissait éprouver cette joie des fauves qui tiennent enfin une proie longtemps guettée. Sa joie était cruelle, enivrante, c’était de cette joie avec laquelle on tue plus vite et mieux !

Et pendant que sa main droite disparaissait dans une poche de son habit, il disait en ricanant :