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ajouta-t-il avec un geste désespéré, comment faire pour entraver les projets odieux de cet homme ?

Le docteur Randall esquissa un sourire mystérieux, et, avec un accent tranquille, connue s’il s’était agi de la chose la plus simple du monde, il répondit à l’interrogation indirecte de Harold !

— Vous n’avez qu’à faire disparaître l’intrigant !

— Que voulez-vous dire ? demanda Harold surpris.

Ne disiez-vous pas tout à l’heure que vous vouliez vous venger de Jules Marion ? N’ajoutiez-vous pas que son sang suffirait à peine pour payer son outrage à votre personne ?

— Le tuer ! s’écria Harold avec un geste d’horreur.

À présent que sa colère perdait de sa violence, une telle vengeance lui apparaissait monstrueuse.

— Ou le faire tuer ! répliqua froidement le docteur Randall.

Violette frissonna.

Harold regarda le docteur avec une stupeur indéfinissable, peut-être avec épouvante.

— Le faire tuer ! murmura-t-il comme incertain des paroles du docteur.

— Parfaitement ! répliqua le docteur en allumant une cigarette.

Harold garda le silence et demeura sombre et songeur.

Le docteur, à demi perdu dans un nuage de fumée, l’observait tranquillement, sans que sa physionomie laissât paraître la moindre trace de ses impressions intérieures.

Enfin, Harold redressa la tête, se leva et marcha vers le docteur. Puis, lui mettant une main sur l’épaule, il demanda lentement :

— Que pèse dans votre conscience la vie d’un homme ?

— Rien ! répondit le docteur sur un ton de mépris ; surtout en l’époque où nous vivons, époque de tueries de toutes espèces.

— Eh bien ! l’homme que vous me conseillez de faire disparaître s’est fait soldat.

— Ce qui veut dire ?

— Qu’il n’en reviendra peut-être jamais !

— Ou qu’il en reviendra peut-être pour vous prendre cette fois votre fille plus sûrement.

— Ah ! démence ! gémit Harold en portant une main à sa tête comme pour en comprimer un mal soudain. Que faire… que faire ?

Le docteur comprit toute l’irrésolution qu’il avait encore à combattre chez Spalding. Aussi crut-il bon de dire avec une indifférence dédaigneuse :

— Oh ! après tout, mon cher ami, qui sait