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— Mais enfin, puisqu’on te chasse, fit l’opiniâtre Angèle, tu ne vas pas te croiser les bras je suppose ?

— Mon plan est tout tracé déjà.

— Qu’est ce que tu as l’intention de faire, mon Jules ? demanda l’aveugle avec une curieuse anxiété.

— Maman, j’ai décidé de me faire soldat !

Soldat !

Cette fois, c’était le coup de foudre.

Angèle sauta en l’air.

L’aveugle baissa les yeux, frémit, et bégaya d’une voix à peine distincte :

— Jules ! Jules, tu veux donc me faire mourir !

— Il est fou ! s’écria Angèle, qui considérait son frère avec les yeux démesurément ouverts. Je vous dis que sa lettre de Spalding l’a rendu fou, maman !

Jules souriait tranquillement tout en roulant une nouvelle cigarette.

L’aveugle s’était remise de sa violente émotion.

— Jules, reprit-elle, tu nous annonces cette nouvelle si bonnement que je ne peux la croire vraie.