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m’évanouis. Le reste, monsieur le juge, échappe à mon souvenir.

Jules se tut.

Dans la chambre silencieuse on entendait le halètement des poitrines.

Le juge semblait réfléchir.

Le prisonnier flageolait sur ses jambes. Pensant qu’il allait tomber, l’un des agents le soutint d’un bras. Toute l’attitude du millionnaire l’accusait. Et de temps à autre le juge laissait peser sur lui un regard perçant.

L’abbé Marcotte ne quittait pas Jules de ses regards profonds et tristes. On eût dit qu’il cherchait à saisir à l’avance la pensée du jeune homme, comme pour mieux entendre la réponse que Jules allait faire aux questions du juge.

Pendant cette minute de lourd silence le chirurgien avait pris le poignet du malade et en tâtait le pouls. Il parut satisfait.

Le juge rompit le silence.

— Lieutenant Marion, dit-il d’une voix posée, si tout à coup l’art médical vous faisait recouvrer votre vue, et que votre agresseur se trouvât en votre présence, reconnaitriez-vous cet homme ?

— Je le reconnaitrais, répondit jules sur un ton assuré.