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cha en lui ordonnant de repasser le Détroit dans les vingt-quatre heures.

— De qui tenez-vous ces détails, puisqu’il était inconnu des autorités belges ?

— Je les tiens d’un ami londonien de monsieur Spalding qui, à cet ami, avait raconté toute son aventure.

— Ah ! ah !… s’écria l’abbé avec admiration.

— Et c’est par ce même ami londonien que j’ai pu découvrir le domicile de monsieur Spalding.

— Où loge-t-il donc ?

— Au Ritz.

— Ainsi donc vous savez où le prendre, s’il est au Ritz.

— Oui, s’il y est… fit l’homme de la police avec un sourire mystérieux.

— Que voulez-vous dire ?

— Qu’il habite aussi Paris… je crois vous l’avoir dit.

— C’est juste, j’oubliais. Connaissez-vous son domicile à Paris ?

— Parfaitement : monsieur Spalding a loué pour une année une élégante maison de la rue d’Anjou.

— Diable ! fit l’abbé avec une mimique d’étonnement qui amena un sourire sur les lèvres de monsieur Durieux ; serait-il marié en secondes noces par hasard ?

— Monsieur l’abbé, permettez-moi de vous dire ce monsieur Spalding, avec ses millions, n’a pas le loisir de songer aux affaires sérieuses. Il y a à Paris encore trop de femmes, jeunes et jolies, qui ne détestent ni l’argent ni les plaisirs.

— Je comprends, répliqua l’abbé en penchant la tête avec mélancolie. Et il songea :

— Harold est en train de passer par toutes les dégradations !…

Puis il demanda tout haut :

— Mais enfin, savez-vous où le prendre en ce moment ?

— En ce moment monsieur Spalding est à la Préfecture, répondit l’agent avec un sourire candide.

L’abbé Marcotte fit un bond de surprise.

— Votre prisonnier ?… s’écria-t-il en regardant l’homme de police avec une admiration grandissante.

— Parfaitement.

— Et d’où l’avez-vous amené ?

— De la rue d’Anjou.

— En ce cas, vous avez dû suivre mes instructions relatives à l’entière discrétion qu’il faut mettre dans cette affaire.

— Soyez tranquille. Pour tous ceux qui le connaissent rue d’Anjou, comme pour ses domestiques, monsieur Spalding est en voyage.