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pelait parfois Pascal avaient surnommé nos héros « Les Terribles ».

Deux jours après l’affaire, un petit caillou était venu rebondir sur le parapet pour rouler ensuite dans la tranchée.

Le sergent Ouellet avait relevé le projectile singulier autour duquel s’enroulait un petit carré de papier.

Ce fut un événement. Une avide curiosité rassembla tous les camarades autour du sergent qui, après avoir déplié le papier lut avec surprise ces mots écrits en bon français :

« Les Canadiens qui parlent la langue des Poilus sont des braves. En eux les grandes armées de l’Empereur ont reconnu des « Terribles ». C’est avec une vive impatience que nous attendons l’heure de nous mesurer encore avec eux ».

Alors le caporal Bédard poussa un cri puissant dont la sonorité dut parvenir aux oreilles de l’ennemi :

— Vive les Boboches !…

Un éclat de rire homérique partit de toutes les poitrines.

Puis les jours se succédèrent mornes et tristes.

Un matin au petit jour, un officier déboucha à l’improviste du boyau de communication : c’était Raoul Constant.

Une acclamation frénétique salua le retour du lieutenant. Mais en même temps un énorme obus venait s’abattre et éclater à deux pas du parapet, — puis d’autres et d’autres encore, et de toutes grosseurs, se mirent à pleuvoir sur la tranchée.

Et cette fois encore nos soldats se firent terrassier… les canons ennemis venaient de tourner leurs gueules monstres vers un autre point.

Ce répit permit à nos compatriotes de réparer les dégâts et tout en besognant Raoul racontait la triste aventure de Jules Marion.

Tous étaient saisis de stupeur et de colère et tous lancèrent leurs malédictions à l’adresse de Randall et de Spalding.

Puis on se demanda avec une poignante inquiétude ce que pouvait être devenu Jules Marion.

Marcil entre autres qui s’était épris d’une très grande amitié pour l’ancien maître d’école éprouvait une profonde tristesse.

Et tous, sans exception rejetèrent de leur esprit la pensée que Jules pouvait être un espion et un traître.

Durant une heure nos soldats travaillèrent ferme à la remise en ordre de la tranchée avariée.

Raoul Constant et le sergent Ouellet examinaient une galerie souterraine, qui à moitié chemin des tranchées ennemies aboutissait à une espèce de chambre où avait été emmagasinée une respectable quantité d’explosifs.

Raoul faisait remarquer :