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sincèrement. Et ce m’est une grande consolation que de savoir que vous ne me croyez pas coupable d’une telle infamie.

— S’il ne dépendait que de moi, répliqua le major, vous seriez déjà libre. Et je puis vous assurer que je ferai l’impossible pour intéresser vos juges.

— Merci encore.

Le Major s’éloigna.

Resté seul, le jeune homme fut repris par d’amères et anxieuses pensées.

La confrontation l’inquiétait mortellement. Il rougissait violemment en songeant que lui si loyal, si honnête, n’était plus dans l’esprit de ses supérieurs, — hormis quelques-uns qu’un traître et un lâche.

Et il se voyait pris dans les fils d’une intrigue mystérieuse et puissante dans laquelle il se débattait comme dans un rêve monstrueux.

Cet espion, qu’il ne connaissait pas mais qu’une main ennemie faisait agir l’épouvantait. Il comprenait que l’espion marchait sur des instructions précises, effroyables…

L’espion le dénoncerait… l’espion le reconnaitrait comme l’un des affiliés à la bande… et cet espion allait paraitre armé de quelque chose qui dans l’esprit des juges, formerait une preuve irréfutable contre Jules…

Et lui, seul, sans défense, sans rien pour détruire l’odieuse machination… oui, lui, Jules, serait condamné comme traître à sa patrie, traître à sa race, traître à sa famille… traître à ses amours…

Il fut secoué d’un frisson terrible…

Il promena autour de lui un regard affolé… et soudain la pensée de fuir surgit dans son esprit malade.

Et cette pensée de fuite il l’étudia, la retourna dans son cerveau, la pesa avec soin… et cette pensée le fit sourire d’espoir, cette pensée illumina sa physionomie, il respira bruyamment.

Sa résolution était prise il fuirait… il ne mourrait pas avec au front le stigmate des traîtres !

Il mourrait là-bas sous les obus, dans la mitraille… réhabilité !… La mort sur le champ de bataille c’était la preuve de son innocence… oui, c’était la vraie réhabilitation !…

Lorsqu’on le relèverait sanglant tombé pour sa patrie, pour l’honneur et la revanche de sa race, — on relèverait un héros et non un traître !…

Oui, c’était décidé.

Jules fuirait la nuit prochaine.

Et dès le lendemain — ah ! comme il l’espérait maintenant comme il le souhaitait en dépit du souvenir de Violette — il marcherait vers la