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Et il mit précieusement la petite fiole dans sa poche.

— Qu’en voulez-vous faire ? demanda Harold toujours curieux.

— Le sais-je moi-même ?… Seulement rappelez-vous que nous sommes sans armes et en pays de guerre…

— Eh bien ?  !

— Eh bien cette petite fiole tout inoffensive qu’elle vous parait peut à l’occasion, nous être d’une grande utilité.

— C’est juste.

Alors le docteur consulta sa montre : elle marquait neuf heures.

Sa bouche se fendit dans un long et sonore bâillement puis il dit :

— Je crois que le sommeil me gagne. Du reste, l’endroit n’est précisément pas mauvais… avec un bon feu comme celui-là. Peut-être n’aurons-nous pas la nuit prochaine pareil avantage !…

— Je suis de votre avis approuva Harold ; dormons donc un peu.

Un quart d’heure plus tard les deux misérables dormaient. Les fauves se reposaient avant d’aller se jeter sur leur proie, Violette, qu’ils voulaient enlever.

Nous verrons bientôt si leurs projets infâmes allaient avoir le succès qu’espérait le docteur Randall.


C’est le moment de revenir à Jules Marion, dont la disparition de l’hôpital avait produit une profonde surprise en même temps qu’une grande inquiétude chez l’abbé Marcotte, Violette et Raoul Constant.

Avant de partir pour Paris l’abbé Marcotte avait réconforté le jeune homme en lui disant qu’avant peu de jours l’accusation qui pesait sur lui serait complètement rejetée.

Et Jules, qui avait une entière confiance dans l’abbé était resté seul, tranquille et plein d’espoir.

Il restait seul mais non solitaire… Dans son esprit dans son cœur dans son âme vivait Violette…

Violette qu’il savait maintenant attachée à lui par les liens d’une amitié éternelle, par un amour sans fin…

Et dès lors il entrevit tout un avenir de joies sublimes de bonheur parfait.

Violette, c’était la vie… Sans Violette l’existence lui paraissait vide et fade.

Quelques jours auparavant dans la tranchée il eût été à la mort avec un sourire sur les lèvres…