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cieuse ? Faites, capitaine, ouvrez vous-même, dit négligemment l’agent.

Monsieur Gaston toujours calme et souriant, ouvrit le gros livre, y prit la clef et introduisit celle-ci dans la serrure.

Les deux agents se rapprochèrent comme pour mieux surveiller la manœuvre de leur prisonnier.

— Inutile fit remarquer M. Gaston, en plaisantant, vous n’y verrez que du feu…

— Allez toujours !… commandèrent les agents.

Monsieur Gaston obéit et la seconde suivante le secrétaire fut ouvert.

L’espion alors tira un tiroir et, par un mouvement très rapide, y saisit deux revolvers de chaque main, et, avec un ricanement sinistre se retourna menaçant vers les deux hommes de police.

Un autre ricanement répondit…

Monsieur Gaston tressaillit violemment et pâlit, ses bras retombèrent, il recula sous les gueules menaçantes de deux autres revolvers que les agents tenaient braqués sur lui.

— Enfin, sourit narquoisement l’un des agents, je crois, mon cher Monsieur Gaston, que nous allons finir par nous entendre !

Monsieur Gaston était vaincu.

Cinq minutes plus tard un fiacre roulait sur la rue de Rome emportant Monsieur Gaston évanoui presque, entre les deux agents de police.


IX

LA LETTRE MYSTÉRIEUSE


Que le lecteur nous pardonne de le transporter aussi brusquement et aussi souvent d’un lieu à un autre ; mais cela est indispensable pour la bonne intelligence de ce récit.

Nous retournerons à l’hôpital provisoire où nous avons laissé Jules Marion blessé et évanoui, Violette sanglotante et désespérée, l’abbé Marcotte et le brave Marcil très consternés auxquels étaient venus se joindre le chirurgien-major d’abord, et Raoul Constant, ensuite.

Quelques jours s’étaient passés durant lesquels une foule de blessés, y compris Raoul Constant, avaient été dirigés sur des hôpitaux d’évacuation pour de là, plus tard, être envoyés dans les hôpitaux permanents où auxiliaires. De la sorte on empêche l’encombrement tout en faisant une place pour les nouveaux blessés qui, chaque jour, sont apportés de la ligne de feu. Et Jules allait suivre le même chemin… mais l’abbé Marcotte et Violette avaient obtenu du chirurgien-major que le cher blessé demeurât quelques jours encore sous les soins dévoués et attentifs de Violette.

La blessure de Jules n’était pas très grave,