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droit, figure un peu pâle, moustache noire et fine aux pointes effilées…

— Vous le reconnaitrez facilement entre cent autres ?

— Sa photographie est, dès ce moment, gravée au tréfonds de ma mémoire.

— Eh bien, c’est l’homme en question !

— Suffit !… et Monsieur Gaston sauta à terre.

— Maintenant, dit le moine, vous savez ce qu’il vous reste à faire cette nuit… cette nuit sans faute, insista le moine.

— Je le sais, et ce sera fait cette nuit sans faute, puisqu’il faut que je sois à Paris demain.

— Très bien. Seulement, en dépit de l’assurance que vous semblez avoir, je crains fort que l’obscurité ne vous empêche d’atteindre sûrement votre but.

L’espion eut un vague sourire et répondit :

— Soyez sans crainte j’ai tout prévu. Tenez, ajouta-t-il en exhibant un petit projecteur électrique, avec cette petite machine j’y verrai comme en plein jour.

— Allons, je suis tranquille, prononça le docteur Randall. Maintenant éloignons-nous, car l’endroit pourrait devenir dangereux.

Sur ce, les deux coquins se perdirent dans la nuit.


Le personnel de l’hôpital était si fort occupé que nos trois amis furent contraints d’attendre plus d’un quart d’heure avant qu’on pût s’intéresser à eux.

Après la marche qu’il venait de faire, Raoul, — sans toutefois l’avouer — se sentait tout épuisé. Sa figure était d’une pâleur excessive, et une sueur glacée inondait son front.

Enfin, le chirurgien-major aperçut la face blême de Raoul et reconnut en même temps le grade du lieutenant. Il s’approcha aussitôt pour s’enquérir de l’état du blessé.

Raoul le mit au courant du coup de baïonnette qu’il avait reçu.

Le chirurgien parut réfléchir une minute. Puis, désignant aux deux camarades de Raoul ce qui jadis avait été la sacristie ! leur dit :

— Conduisez le lieutenant à la salle privée ; j’y serai dans cinq minutes.

Nos amis s’empressèrent d’obéir à l’ordre du chirurgien, et, l’instant d’après, ils pénétraient dans ce que le docteur avait appelé « la salle privée » qu’une lampe fumeuse éclairait vaguement.

— Et nous, qu’est-ce que nous allons faire maintenant ? demanda Jules Marion.

— Attendre ! répondit simplement Marcil.

— Attendre quoi ?