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Villon, le nom de notre frère, le triste, le mauvais, le joyeux, le fou !
A.-C. Swinburne.


Messire François, pardonnez à ceux qui vous ont abordé de préfaces trop familières, ou qui vous saluèrent en carmes d’une brutalité physique. À qui plus a souffert se doit plus de respect ; et si la destinée vous a donné des coups de dague dans le dos, ce n’est pas une raison pour qu’aucun vous frappe tout de suite sur l’épaule, vous disant : « Eh ! Villon ! » à vous prince des sonneurs de Ballades.

En écoutant Swinburne vous parler, j’ai regretté les discourtoisies des autres. Le tendre Saxon, lui, n’a garde de nommer par leur nom vos péchés, ou de rappeler que votre délicate chair fripée obéit aux porte-clefs. Il sait que la mort et le génie ont lavé vos pieds de la boue.

Je n’honorerai donc point votre cortège d’un fifre criard, mais vous chanterai, au seuil, ces litanies normandes à mi-voix :

« Ô vous qui citiez Ogier-le-Danois, — recevez mon hommage nordique.

« Ô vous qui fîtes à notre Wace l’emprunt d’un vers dolent, — laissez le dernier jongleur de sa lignée baiser humblement votre main tordue, aux Châtelets, de tenailles.

« Vous à qui furent précieuses les Formes Fixes et la discipline des Ballades, qui avez plié les audaces du